Un reportage de Julia Mourri pour la Chronique d'Amnesty International.
Militant écologiste de la première heure, l’engagement de Joël lui a valu d’être assigné à résidence au moment de la COP21. Maintenant constamment surveillé, il nous raconte son quotidien.
Le soleil perce les nuages et inonde le bourg de Bure (Meuse). Joël Domenjoud, 34 ans, grand blond aux cheveux en bataille, traverse les ruelles désertes, deux pains de campagne sous le bras. Il ouvre la porte vitrée d’une grange où ont été placardés les mots : « Maison de résistance à la poubelle nucléaire », point de ralliement des opposants au stockage des déchets nucléaires sur le site de Bure. Militant écologiste de la première heure, l’engagement de Joël lui a valu d’être assigné à résidence au moment de la Conférence de Paris sur le climat, qui s’est tenue du 30 novembre au 12 décembre 2015. Alors que le gouvernement a instauré l’état d’urgence, Joël sort de chez lui et sent qu’il est suivi. « J’ai tourné en rond dans le quartier, quelqu’un me collait aux fesses », se souvient-il. Pris de panique, il saute dans un bus et démonte son téléphone portable. Quand il finit par le rallumer deux heures plus tard, sa voisine l’appelle, affolée : une vingtaine de policiers est alignée dans la cage d’escalier de l’immeuble et le cherche. Joël se rend au commissariat, on l’y informe que, pendant trois semaines, il ne pourra plus sortir de Malakoff (92), où il habite.